Extrait du livre page 102 Polyarthrite rhumatoïde

7/11/2018 | Accueil | 0 commentaires

Extrait du livre page 102 Polyarthrite rhumatoïde

Cas clinique de Jean-Marie Magnien (extrait du livre page 102)

Cas d’une patiente atteinte d’une polyarthrite rhumatoïde

Il s’agit d’une femme prise en charge le 8 octobre 2007. Née en 1951, elle est donc âgée, à l’époque, de 56 ans. Sa pathologie s’est améliorée au point qu’elle n’a plus de douleurs. Ainsi en témoigne le mail reçu le 24 décembre 2009, soit quinze mois après avoir suivi strictement les conseils alimentaires.

« Cher Monsieur,
J’ai de bonnes nouvelles à vous annoncer.
J’ai arrêté à la demande du médecin le méthotrexate depuis trois mois (après l’avoir pris pendant vingt et un mois).
Je souhaitais laisser passer un peu de temps avant de vous l’apprendre afin que ce soit vraiment une bonne nouvelle. Je suis ravie.
Je n’ai pas de douleurs actuellement, et continue le régime de façon stricte ainsi que les compléments alimentaires. »

Le 12 mars 2010, elle poursuit.

« J’ai commencé mon régime sans gluten, sans lait, le 8 octobre 2007.
Je le suis de façon stricte et les écarts sont rares. J’utilise les produits de la marque Schär que je trouve très bien.
Ci-joint le compte-rendu du rhumatologue qui est très surpris et curieux de connaître mon nouveau taux d’anticorps anti-CCP* après un arrêt du méthotrexate depuis le 13 septembre dernier, soit six mois.
Taux d’anticorps qui était de 630 au départ.

  • * Anticorps anti-CCP signifie anti-peptides cycliques citrullinés (en anglais Cyclic Citrullinated Peptide).
    Les peptides cycliques citrullinés résultent de la dégradation de la synoviale. Ils ont un potentiel antigénique, ce qui signifie qu’ils déclenchent la fabrication d’anticorps assez spécifiques de la polyarthrite rhumatoïde. Ils aident ainsi au diagnostic de cette maladie.
 

Il souhaite parler de mon cas au Pr Schaverbaeke, rhumatologue, que j’ai rencontré une seule fois au centre hospitalier Pellegrin à Bordeaux.
Je le rencontrerais à nouveau avec plaisir s’il le souhaitait. »

Courrier du 5 mars 2010 du médecin rhumatologue, spécialisé pour la polyarthrite rhumatoïde, au médecin généraliste.

« Cher ami,
Je revois Mme M.J. pour le suivi de sa polyarthrite rhumatoïde et anti-CCP fortement positif initialement.
On est surpris de voir qu’il n’y a aucune douleur actuellement. Toujours ce régime sans gluten et sans lactose.
Il n’y a aucune prise de méthotrexate et tout se passe pour le mieux.
L’IRM d’une main réalisée était normale.
Elle n’a pas fait la suivante en raison d’une douleur survenue suite à l’installation sur table d’une tendinopathie d’épaule qui a régressé.
Il n’est donc pas utile de la refaire pour le moment compte tenu de la normalité des examens. Je lui propose :
– d’espacer la surveillance à raison d’une consultation par an ;
– de faire des radios de mains et de pieds à cette date ;
– par curiosité je demanderai un dosage d’anti-CCP qui était très haut initialement.
Bien amicalement.
Dr A. X. »

Le 11 janvier 2012, nouveau message de la patiente (quatre ans et trois mois après le début de la prise en charge).

« Je suis toujours sérieusement mon régime, et je suis bien récompensée de mes efforts.
J’ai arrêté le méthotrexate en septembre 2009, et depuis, je ne prends plus aucun médicament
Malgré mon dernier dosage d’anticorps anti-CCP, en date du 13 mars 2011 et qui était de 1 134 ! Je commence à intéresser mon médecin… il reconnaît que… »

Les douleurs de cette patiente en dépit du traitement au méthotrexate étaient insupportables. La rémission de la polyarthrite rhumatoïde est obtenue à 100 % : c’est ce que j’appelle réduire au silence, sans médicament. La présence d’anticorps anti-CCP n’est pas strictement spécifique de la polyarthrite rhumatoïde. En effet, ces anticorps sont absents dans 30 % des cas. Pour cette patiente, le taux est relativement élevé mais, malgré l’absence de médicament, il n’y a plus de douleurs. Force est de conclure que ces anticorps sont soit le résultat d’un effritement très discret de tissus articulaires, soit le résultat d’une dégradation minime d’un autre tissu protéique. Il faut se souvenir que la montée des anticorps est très sensible à la moindre trace de molécules étrangères.